J'ai commencé à étaler le bleu nuit sur mes paupières. Doucement, au doigt. Puis franco avec le rouge à lèvre. Je tentais en vain de leur ressembler. Mais j'avais beau prendre toutes les poses devant le miroir, faire la moue, sourire, bouder, rien n'y faisait. J'avais toujours la même sale gueule boutonneuse, les mêmes cheveux gras et les mêmes bourrelets sous l'élastique de mon collant qui me serrait si fort au ventre. Alors je me suis installée derrière l'écran, j'ai allumé la lumière, de profil, pour faire un plus beau visage, j'ai mis le contraste au maximum, la musique aussi et mes interrogations ont pris fin face aux clichés que je venais de prendre.

Ce n'est pas que j'avais enfin pris goût à ces traits, j'avais plutôt cessé d'espérer.

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