Monochrome sur monochrome (travail de Couleur) :

Ici, la photographie est un medium permettant d’exprimer ma manière de percevoir la couleur et notamment le monochrome. Il me semble qu’il est urgent de sortir ce dernier de son statut pictural en le ramenant à sa forme la plus évidente : le monochrome est partout. La couleur comme individualité est, si l’on prend le temps de la chercher, à tous les coins de rues. C’est donc dans la rue que j’ai décidé de me rendre et plus particulièrement, j’ai souhaité trouver un point de vue inhabituel, celui des hauteurs. Voyons voir :

Vu de haut, le trottoir forme une «non couleur» uniforme, un monochrome à réinventer, à « repigmenter » sur lequel circule des individualités, des personnages parfois « hauts en couleur » ou des « timidités » qui semblent se confondre avec le sol. Parfois, la photographie prise de haut semble écraser plus encore le personnage et, j’ai souhaité renforcer cette impression en réduisant les contrastes et les saturations de la couleur. Parfois, le regard ne fait qu’englober et met en évidence la présence de deux individualités, deux objets différents, non liés. Un monochrome se déplaçant le long d’un monochrome. J’ai alors décidé de contraster plus encore pour marquer cette différence et donner l’impression que le personnage vient se coller contre la couleur, qu’il s’ajoute, qu’il est même parfois « en trop ». Souvent, les couleurs se mélangent ou elles prennent alors une existence à part entière. Le trottoir, l’homme.

Les personnages qui passaient sous l’objectif n’étaient que les objets du hasard. Au détour d’une rue, la couleur se déplace. Il est important de laisser cette place au hasard pour aller à la rencontre de l’autre. Ici, l’homme perd plus ou moins sa consistance pour n’être qu’image, couleur, objet. C’est le trottoir qui prend vie, qui exulte sous les pas et transforme ses nuances. Il devient tour à tour : sol lunaire, parpaing brut, sol de discothèque...

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