Les couper, les couper court. De grands coups de ciseaux sous le menton, dans le dos, tout près des oreilles. Attraper la mèche et la faire disparaître. J'étais émue aujourd'hui, quand j'ai réalisé que je les avais jeté dans la poubelle, vulgairement. Comme ça. Mes cheveux frôlés. Toute une histoire dans mes cheveux emmêlés. Des doigts, des mains, des soupirs. Cut cut cut.

Ils ont disparu, j'aurais pu les enterrer, leur faire une fin joyeuse, leur consacrer un peu plus de temps.

 Le symbole de la féminité. Avec mes petits seins, c'était la seule chose je crois bien puisque ce sexe est toujours dérobé à la vue des passants, forcément. Cette chose entre nos cuisses dont nous ne parlons jamais, que nous cachons même après l'amour, jambes resserrées, jambes croisées. Nous faisons en sorte de l'oublier. Quel contraste flagrant face à l'omniprésence de ces symboles phalliques, poteaux, stylos, clefs et j'en passe. Nous les tenons dans les mains, nous imprimons leur image dans nos têtes et nous serrons les cuisses toujours un peu plus fort comme pour nous faire oublier les battements, la chaleur, l'humidité et les secrets enfouis. Nous sommes intérieures, jamais ostentatoires. Toujours dans le mystère, sous les poils, ou sous les culottes, ou sous les mains.

Notre rouge à nous.

 Notre désir pas toujours facile à garder pour nous. Notre hystérie collective qu'on baffoue et qu'on leur laisse masquer. On oublie les putes. On fait en sorte d'en rire, de ne pas les regarder. Comment imaginer qu'elles peuvent prendre du plaisir, jouir, être aussi délibérément exultantes, excitantes, excitées parfois ? Alors la femme. Oui, la femme.

La femme finit toujours par masquer son désir sous ses jupons brodés.

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