Et je traine dans la pièce comme un chien fatigué. Déjà j'ouvre la porte du frigo, à la recherche de ma nouvelle drogue de la semaine. Cette fois ci, je tombe sur du Coca et ça me va parfaitement. Light, assurément. Le light, c'est la folie permise à tous, le quart d'heure délire de la ménagère au régime ou de l'adolescente mal dans sa peau. En dehors de ça, c'est salade bar à volonté. Je viens m'asseoir devant l'ordinateur, comme tous les soirs depuis septembre, depuis que je suis rentrée de ce foutu camping.
J'aimerais assumer parfaitement ma connerie, mes bourdes, mon manque de culture. Et je crois que c'est ce que je fais ce soir, j'abandonne tout sens de la courtoisie, du respect, de la humblesse (vous voyez j'invente même mes mots). A défaut de trouver des fautes dans le cahier du voisin, j'écris mes propres conneries pour votre grand plaisir. Je m'invente le personnage à la hauteur de mon imagination : nul et arrogant. De la merde cette espèce de connaissance de tout, de la loi française, du vote américain, des situations du tiers-monde et même des expressions foireuses type "et caetera" qu'on est censés écrire en italique, ou souligner. Les faux rebelles me font rire donc je me fais rire moi même puisque l'once de rébellion ne va pas plus loin que ma propre situation. Les conventions m'emmerdent alors j'emmerde les conventions. Je ne me bats pas pour les autres. Je suis cette espèce de bête stupide qui sévit dans les beaux quartiers ou dans les banlieues : le con fier et égoïste. L'anti-thèse de ma propre parentalité, généreuse et solidaire à souhait. L'idée de société m'ennuie ce soir. Voyez, je suis la contradiction même. J'écoute Cali et je me défais de toute idée d'union qui fait la force. Je bois donc du Coca en pleurant sur la condition de l'Afrique. Je parle de la condition de l'Afrique tout en ignorant la vraie condition de l'Afrique. J'y vois seulement des gens affamés ou alors des villages entiers qui dansent autour d'un feu. Ça ne va pas plus loin et j'ai envie de dire que ça n'ira pas plus loin que ça. Pas par égoïsme non. Par simple paresse.
Faisons encore le tour des choses : j'achète H et M, Zara enfin bref, tous les trucs Made In Cambodia etc tout en lisant les articles du dernier Marie Claire. Bon merde, je n'ai pas à me justifier, je suis l'adolescente type, le personnage en plus.
Je ne sais plus ce qui me tient à coeur. La motivation pour aider les autres peut être. La motivation pour me cultiver "comme il faut" (comme ils disent). La motivation pour être généreuse, attentionnée. On s'est tellement foutu de moi. C'est peut être ça.

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