Je flotte doucement, cette vie me parait si simple, si dénuée de difficultés. Je me demande comment je réagirai si un jour, je souffre vraiment. Parfois bien sur, je suis portée par une force inconnue, une haine blottie à l'intérieur, qui sommeille. Alors, elle grandit en moi, me remplit entièrement, chaque recoin de mon être en est comme barbouillé. C'est un magma compact dont on ne sent pas le mouvement, on EST le mouvement. Me vient une envie impossible, un rejet de moi même si grand, si sournois que j'en perds mon propre contrôle. Je me pousse à la contradiction : je souhaite mourir en ayant peur de la mort.
Cet instant ne dure que quelques minutes. Cinq petites minutes de remise en question totale de mon être.
En général, je contracte si fort mes muscles qu'une crampe survient. Je me retrouve alors sur mon lit, l'œil torve, l'air hagard. Le ridicule de la situation me surprend si fort que j'éclate de rire à travers les sanglots. J'ai un peu pitié certes, mais je réalise alors ma petitesse. Et c'est là ma force.
 Je suis cette jeune fille de 17 ans, le visage baigné de larmes pour une place de concert refusée. Je boude comme un enfant à qui l'on aurait supprimé le goûter.
Vivante.


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