Oh comme tu es loin des livres, ton personnage est si anti-romanesque. Tu parles en mots superflus, tu n'économises pas la page, tu ne livres pas tes silences et tes pensées au grand narrateur. Non, tu es aussi fermée qu'une cage à oiseau rouillée, aussi bloquée qu'un cas de psychanalyse, aussi crispée qu'une femme qui accouche.
Tes gestes seuls sont émouvants, mais on ne fait pas un livre entier de gestes pour réussir, on innove. On fait de fabuleuses actions, on traverse les esprits en les marquant, on crée son passage dans la foule, on laisse une traînée fantasmagorique derrière soi.
Si tu ne veux pas faire d'efforts, je te rendrai aussi sensible qu'un personnage d'Anna Gavalda. Un personnage avec tous ses travers touchants, avec toute son humanité émouvante.
Si tu t'acharnes dans la superficialité, j'écrirai notre histoire à la Lolita Pille, ou à la Beigbeder. Je ferai dans le cynisme, dans la déconfiture.
Si tu me fais souffrir, tu sera Humbert dans Lolita, franc mais si tristement désespéré.
Si tu te noies dans le chagrin, je te ferai voguer dans le Spleen et Idéal d'un Baudelaire inspiré.
Si mes mots ne sont pas suffisants, je t'autoriserai à flâner du côté de Sade, tu pourra y découvrir tous les vices de nos personnages.

Si tu t'ennuie tant près de moi, si rien ne te satisfait, si je suis lassante, alors tourne la page. Et sors de mon roman.



pix : Bettina Rheims

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