"Que voulez vous, la culture est fille de malheur..."
Alors, j'ai fermé les yeux. J'ai pensé à dormir une fois pour toutes. Une fois comme ça, histoire d'oublier mes cernes et mon teint pâle. Je n'ai pas réussi. L'insomnie me guettait mais je l'esquivais toujours, au dernier moment en laissant mon corps chuter comme une lourde pierre au fond d'un étang. Je coulais, coulais au fur et à mesure que je m'enfonçais dans les draps, la tête étranglée de visions sous marines, lugubres, vaseuses, terriblement profondes. J'ai toujours eu peur de la profondeur, de peur de tomber sans jamais remonter à la surface, mais c'était ma seule manière de pouvoir enfin trouver le sommeil, à l'époque. Je ne remontais d'ailleurs que très mal de mes songes. J'en gardais des séquelles plus ou moins importantes. Des pensées érotiques tenaces surgissaient en pleine rue et je ne pouvais ensuite m'empêcher de traduire chaque regard en appel. Parfois même, je stoppais net ma marche, laissant seule mon désir prendre part à l'action (ou à mon inaction en l'occurrence).
Il m'en fallait plus pour absoudre ces quelques minutes de vide précédant mes lourdes marches vers la nuit. Elles n'étaient pas bien productives, c'était l'ennui qui jouissait de moi, lentement. Puis me quittait, la tête souillée de remises en question impossible, de souvenirs inexacts, de désirs irréalisables.
Par paranoia | Avant | Mardi 3 Mars 2009, 23:49 | Après | Actualités | aucun commentaire