J'arrête le film parce que, non.
Je n'veux pas qu'il sombre. Je veux qu'il reste dans la fraîcheur de l'abandon, dans cette adolescence éternelle qui l'enveloppe tout entier, qu'il plonge encore sans se soucier du fond et qu'il miaule, qu'il aboie dans le silence. Parce que doucement, c'est mon enfance qui remonte à la surface, comme on reprendrait un peu d'air après un plongeon trop profond. C'est cette peur de se salir qui n'existe pas encore, ce dédain de tous les codes, de toutes les règles. "Tu n'aura pas de dessert puisque tu n'as pas fini ta viande !" Très bien, j'irai piquer des cerises dans le champ quand tu aura le dos tourné.
Et même ce nounours contre lequel je pose ma tête presque chaque soir ne me fait pas autant d'effet que ce film.
Non, je ne veux pas être ni nostalgique, ni vivre dans le passé. J'arrive à l'un de ces tournants de vie qu'on ne loupe pas. Je passe ce diplôme qui finalement ne me sert pas à grand chose et je commence à vivre une vie que j'ai souvent rêvée. J'ai souvent voulu avoir 18 ans à 8 ans. Eh bien, tu y es presque ma fille, souris de tes dents blanches et libres soudainement.
La vie n'est pas un fleuve tranquille, oooh non. Elle t'éclate à la gueule ou elle dort dans tes veines.


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